Premières lignes (20)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Le Chant du Kraken », tome 1 de la série « Kêtos », écrit par Keliane Ravencroft et édité chez MxM Bookmark !

Kêtos, tome 1 : Le Chant du Kraken

« Le temps parut s’arrêter un bref instant. L’équipage échangea des coups d’œil anxieux, leur chef foudroya la créature d’un regard assassin. À la première seconde, un éclair illumina le ciel comme en plein jour. À la troisième, un coup de tonnerre retentit, si puissant qu’il fit trembler les hommes jusque dans les tréfonds de leurs entrailles. À la dixième, une délicate mélodie s’éleva depuis les profondeurs, non sans rappeler le chant d’une baleine. Tout s’enchaîna ensuite très vite. La mer se souleva en vagues immenses qui déferlèrent avec violence contre la coque du navire, le bastingage vola en éclats et des hommes furent précipités à l’eau. Mais ce n’était rien à côté de ce qui les attendait encore. Bientôt, d’énormes bras rouges crevèrent la surface et dansèrent dans les airs, menaçants. Il en sortait de toute part, à l’avant comme à l’arrière du bateau, à bâbord comme à tribord. Des tirs de canon retentirent à l’unisson, mais la plupart des boulets échouèrent dans la mer. Seuls deux touchèrent les appendices en perpétuel mouvement, sans que ce soit dissuasif. Loin de s’avouer vaincus, les Espagnols rechargèrent en vue d’une seconde salve pendant que, sur le pont supérieur, certains matelots téméraires tentaient de repousser ce démon à coups de pistolet et de mousquet. Ce qui ne fut pas davantage efficace. Ils payèrent par ailleurs cher leur audace, puisqu’ils se retrouvèrent balayés et précipités par-dessus bord. De nouvelles détonations s’élevèrent, pour un résultat pas plus concluant. Face à une telle impuissance, le désespoir et l’hystérie s’emparèrent des esprits. Cette fois, le capitaine ne trouva pas les mots pour ramener le calme au sein de son équipage. Pas plus fier, il ôta son couvre-chef en feutre aux galons d’or, le plaça contre son cœur et pria à voix basse. Peu après, les bras recouverts de ventouses de la créature s’abattirent sur le pont du Gran Príncipe dans une série de craquements retentissants et le plancher explosa. Les mâts cédèrent dans la foulée, l’eau s’engouffra. En un instant, le navire fut fracturé en plusieurs morceaux tenant à peine ensemble. Et ce n’était toujours pas terminé. Au beau milieu des hurlements de détresse, une vague plus grosse que les autres s’éleva et la tête du monstre en jaillit, accompagnée d’un prodigieux bouillonnement d’écume. Il était rouge comme les flammes de l’enfer, et ses yeux énormes reflétaient sa soif de sang. Pourtant, ce fut avec une relative douceur qu’il ramena les restes du galion vers lui pour écraser de son aura les survivants. La terreur provoquée par cette situation plongea ces derniers dans un silence qui contrastait drastiquement avec l’agitation précédente. Ils se prostrèrent au sol, s’accrochèrent à ce qu’ils purent, leur attention accaparée par ce diable des mers. Quant au capitaine, à genoux, il se signa en tremblant. »

J’espère vous avoir donné envie d’y jeter un œil et je vous dis à la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes…

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