Premières lignes (132)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Le Don Funeste », tome 1 de la série « L’École des Faes Errantes », écrit par C.J Piper et édité chez PKJ !

« Tu sais garder un secret ? Moi, non. Mais ce n’est pas ma faute. Les faes adorent semer la pagaille. Nous ne sommes pas méchantes, cependant ce serait une erreur de croire que nous sommes gentilles. Dans la vie, peu de choses sont aussi simples que ça. Si tu es humain, et j’espère que c’est le cas, tu arriveras peut-être à écouter cette histoire et à la conserver en sécurité. Je me suis laissé dire que les humains sont plus doués que les faes pour ça. Mais si tu n’es pas humain, et il y a une chance pour que ce soit le cas, ne m’en veux pas pour ce que je m’apprête à raconter. Après tout, c’est dans ma nature. Certains enfants naissent persuadés qu’ils sont humains, et découvrent plus tard que quelque chose de magique coule dans leurs veines. Il y a douze ans, l’une de ces enfants, une jeune adolescente nommée Rosemary Thorpe, est née d’une mère parfaitement humaine dans la ville de Point Pleasant, en Virginie-Occidentale. Rosemary était une bonne élève, une fille sage et une artiste douée – quoique trop intelligente pour son propre bien selon sa mère, ce que Rosemary prenait comme un compliment. Elle avait des cheveux bruns couleur de boue, de grands yeux noisette, et préférait s’habiller en gris. Elle aimait collectionner les cailloux et se perdre dans l’épaisse forêt qui entourait sa maison. Elle détestait le son aigu des ordinateurs, des télévisions et des téléphones. Même si elle se lavait les cheveux, participait aux tâches ménagères, mentait rarement et était toujours polie, Rosemary avait du mal à garder ses amis. Voyez-vous, la plupart des humains n’apprécient pas qu’on leur annonce comment ils vont mourir. À l’âge de quatre ans, Rosemary avait prévenu le facteur qu’il ne devrait pas manger sa part de tarte si vite, car il finirait par s’étrangler avec. En CP, elle avait été punie pour avoir demandé à sa maîtresse de ne pas être si sévère avec Trevor, car il ne passerait pas Noël. En CE2, elle avait été envoyée dans le bureau de la directrice après avoir informé la bibliothécaire que les étagères étaient instables et que, si personne n’y remédiait, elle se ferait écraser par l’une d’elles. En CM2, elle avait été exclue temporairement pour la première fois après avoir fait s’évanouir une camarade en lui disant que, si, la foudre pouvait frapper deux fois, et qu’elle le ferait sur sa tête. Et, en 6e, Rosemary Thorpe avait été renvoyée de façon définitive parce que huit couples de parents s’étaient plaints qu’elle avait prédit des fins sinistres à ses camarades assis en cercle dans la cour de récréation. L’école à domicile était une activité solitaire, mais ça ne dérangeait pas Rosemary. Ça lui laissait du temps pour lire, écrire dans son journal, et surtout dessiner. La mère de Rosemary, Eleanor Thorpe, était une femme très gentille, aux traits tourmentés. Elle était plutôt jeune, enfin, pour une mère, mais déjà, quatre rides profondes lui barraient le front. Elle préparait une merveilleuse tarte à la rhubarbe, avait une très jolie voix quand elle chantait et payait toujours ses factures à temps, mais une inquiétude permanente tirait les coins de sa bouche vers le bas. Et lorsque Rosemary laissait son journal sur la table de la cuisine, Eleanor fronçait les sourcils si fort et si longtemps qu’elle creusait de nouvelles rides sur son visage. Rosemary avait découvert que les gens ne voulaient pas savoir s’ils seraient aplatis comme une crêpe par un bus à deux étages ou s’ils vivraient jusqu’à ce qu’ils tentent de plonger avec des requins-tigres, à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Au lieu de les en informer, elle notait tout ça dans son journal. Elle était assez maligne pour ne pas dire aux autres des choses qui les contrariaient, et avait suffisamment d’imagination pour trouver un moyen d’exprimer ses visions sans perturber sa mère. Souvent, elle illustrait ses histoires par de petits dessins qui lui faisaient utiliser beaucoup de crayons de couleur rouges, puis d’aquarelle rouge et de peinture acrylique rouge. Parfois, elle connaissait les gens dont elle entrevoyait le destin funeste, mais la plupart du temps, c’étaient des inconnus. De temps en temps, elle dessinait des choses plus ordinaires, comme des licornes à côté de châteaux roses, des groupes de jeunes s’amusant à la fête foraine, ou des amis explorant la forêt…Mais ces fragments de son imagination ne suscitaient pas autant d’attention que ses prédictions plus sinistres. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !

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