Premières lignes (128)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Soana », écrit par Azilis Helori et édité chez Alter Real !

« D’un geste du menton, je lui désigne le nephilim en question, un ami de l’informaticienne Sand, qui travaille souvent avec Cyrlane et Malcolm, mes amis proches, dans leur équipe free-lance de justiciers. Cette femme possède un réseau d’anges et de démons hallucinant dont les compétences, tant mentales que physiques, sont très précieuses. Dès que j’ai étudié en profondeur la structure de cette bâtisse, qui accueille un immense trafic d’êtres surnaturels et humains, j’ai su que j’allais avoir besoin de son carnet d’adresses. Et Sand ne m’a pas déçue en m’envoyant Jeremiah, un demi-ange très survolté…Au sens propre comme au figuré. Le jeune homme, qui ne paraît pas avoir plus de dix-huit ans avec son long corps dégingandé et sa tignasse en bataille au sommet de son crâne, sautille plus qu’il ne marche. Vêtu d’une tenue passe-partout de technicien de ville, il fait semblant de consulter des notes dans un carnet et s’arrête au pied de l’immeuble. La nuit d’observation que j’ai passée avec ma milice nous a appris que plusieurs gorilles surveillent les lieux grâce à des caméras. Mais par chance, un angle mort sur l’arête est du bâtiment offre toute latitude à Jeremiah pour agir. Avant cela, il doit donner le change en faisant comme s’il contrôlait les tracés tout neufs sur la chaussée et les trottoirs. Au bout de quelques minutes sans que l’un des sbires de nos criminels se pointe pour lui dire de déguerpir, Jeremiah tourne au coin, comme convenu, et range son calepin. Il zieute discrètement de notre côté et je lui dédie un signe de tête pour l’encourager. Après une brève inspiration, il se saisit des câbles électriques courant sur le mur et se concentre. Son pouvoir émerge d’un seul coup et illumine son visage grave et fermé. Les crépitements de l’électricité qu’il fait naître entre ses doigts me parviennent depuis ma position. Un sourire satisfait étire mes lèvres. Ça va marcher. Des étincelles jaillissent des fils avant de se répandre de plus en plus haut. Les éclairs de Jeremiah s’infiltrent dans la bâtisse et déclenchent en moins de deux l’alarme incendie. Et elle est accompagnée d’une belle fumée grisâtre pour parfaire le tableau. Le nephilim bondit en entendant les beuglements stridents et se dépêche de filer à toutes jambes au cœur d’une rue plus animée. C’est à nous de jouer, à présent. Nous nous déployons en force devant l’issue secondaire. La principale et les deux autres sont soumises à un système de sécurité numérique, qui a dû surchauffer avec l’intervention de mon auxiliaire. Il les a bloquées. Nos armes de poing bien en main, nous écoutons le ramdam provoqué par l’alarme à l’intérieur, puis les pas se précipiter vers la seule et unique sortie viable. Faire une descente dans ce repaire était notre plan initial, mais la complexité de la sécurité mise en place nous a refroidis. En plus de cela, faire irruption de la mauvaise façon aurait condamné les victimes des criminels, au nombre de vingt-trois, d’après nos dernières estimations, plus sûrement que si nous avions nous-mêmes appuyé sur la détente. Il fallait agir, oui, mais avec plus de finesse et de pragmatisme. C’est un gros coup que nous préparons depuis plusieurs jours, déjà : observation, récolte d’informations et des archives de la ville sur l’architecture de ses édifices, délimitation du terrain…Tout a été pensé et repensé plus d’une fois, jusqu’au moment où nous avons été prêts. Il est donc grand temps, désormais, que nous obtenions les fruits de notre labeur. Le battant claque fort contre la paroi alors que des silhouettes corpulentes se ruent en avant. Les gorilles sont les premiers sortis. Je roule des yeux. Évidemment, ils continuent de protéger les sales rats qui les paient grassement…Plusieurs anges et démons de force nous chargent, espèces de gros malabars bodybuildés, l’air de ne pas avoir oublié leurs réflexes de combattant malgré la panique générale. Il paraît que c’est un peu comme le vélo. Nous sommes obligés de reculer face à leur frappe puissante et pugnace, mais c’est pour mieux virer à l’offensive ensuite. Quelques coups de pistolet sont tirés et blessent nos adversaires, cependant le plus gros de nos attaques passe à travers nos poings et nos matraques télescopiques. Entre deux-trois estocades bien senties, Reyes et moi veillons à ce que des nettades se fraient un chemin jusqu’aux escaliers pour arrêter le feu. Les victimes sont encore à l’intérieur, les criminels et leurs sbires ont sauvé leur peau avant tout le reste. J’assomme avec une certaine joie malsaine un ange bien décidé à courir après mes collègues. Je lui assène un deuxième coup sur la nuque pour faire bonne mesure, avant de me tourner vers un démon qui grogne dans ma direction. Celui-là parvient à me mettre au tapis grâce à son large poing. Il me fait voir des étoiles durant une poignée de secondes, et un mal de crâne terrible bat mes tempes. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !

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