Premières lignes (83)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…

Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Réplicants », tome 1 de la série « Humanité 3.0 » écrit par Jay Kristoff et édité chez De Saxus !

« Ils tuent d’abord mon père. Leurs bottes brillantes résonnent dans l’escalier alors qu’ils entrent dans notre cellule. Ils sont quatre, en enfilade. Visages sans expression et peau parfaite, pistolets gris mat dans leurs mains rouges. Rouges. Un bel homme aux cheveux d’or dit qu’ils sont là pour nous exécuter. Aucune explication. Aucune excuse. Notre père se tourne vers nous, et la terreur dans ses yeux fait voler mon cœur en éclats. J’ouvre la bouche pour lui parler, sans savoir ce que je vais lui dire. Les balles l’atteignent dans le dos, et des fleurs sanglantes s’épanouissent sur sa poitrine. Mes sœurs crient, alors que crachent les gueules des armes et que les ombres dansent. Tellement de bruit que je crains de ne plus jamais réentendre un jour. Notre mère tend la main vers le corps de notre père, comme pour amortir sa chute, et le tir qui embrasse sa tempe me peint le visage en rouge. J’ai un goût de sel, de cuivre et de fumée blanc laiteux en bouche. Et tout est calme. Les mots restent en suspens dans l’air, se mêlant au chant des explosions au loin et des machines cassées. Une femme aux yeux gris et éteints touche la main du bel homme, et sans échanger une parole, les quatre se retournent et sortent de la pièce. Mon frère rampe jusqu’au corps de notre père alors que mes sœurs continuent de crier. Ma langue colle à mes dents, le sang de notre mère est chaud sur mes lèvres. Je ne suis capable de penser qu’à leur cruauté. Car ce moment de répit qu’ils nous offrent est suffisant pour nous demander s’il subsiste une once de loyauté ou de compassion dans ces corps qui contiennent une part si importante de nous. Suffisant pour espérer que, peut-être, ils en resteront là et n’iront pas jusqu’à tuer des enfants. Mais les hurlements finissent par se taire, et la fumée se dissipe lentement. Et, de nouveau, nous entendons les bruits des bottes brillantes dans l’escalier. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !