Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…
Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « A Dawn of Onyx », tome 1 de la série « Les Pierres Sacrées », écrit par Kate Golden et édité chez Olympe !

« Reytre et Halden étaient probablement morts. Je n’aurais su dire ce qui me donnait le plus envie de vomir, le fait de m’avouer enfin cette vérité, ou mes poumons aussi douloureux que brûlants. Sur ce dernier point, il me fallait l’admettre, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même – cette partie de ma course matinale était toujours la plus brutale, mais en ce jour cela faisait un an que les lettres avaient cessé d’arriver et, même si je m’étais juré de ne pas envisager le pire avant d’avoir une bonne raison de m’y résoudre, ce silence épistolaire était difficilement contestable. Un battement de cœur affligé a résonné dans ma poitrine. Tentant de glisser ces pensées désagréables sous le parquet de mon esprit, je me suis concentrée sur mon objectif, tenir jusqu’à l’orée de la clairière sans rendre mon dernier repas. Au rythme régulier de mes jambes, j’effectuais un mouvement de balancier avec mes coudes, ma tresse venait fouetter mon dos dans un tambourinement cadencé. Encore quelques mètres et…Atteignant enfin l’étendue d’herbe fraîche, j’ai fait halte tant bien que mal. Les mains sur les genoux, j’ai pris une longue inspiration. Il émanait des lieux les senteurs habituelles du Royaume d’Ambre, la rosée matinale, le feu de bois d’un foyer tout proche et les puissantes notes terreuses de feuilles en lente décomposition. Sauf qu’inspirer à fond n’empêchait pas ma vision de se brouiller, je me suis effondrée en arrière, savourant le bruit des feuilles qui craquaient sous mon poids. La clairière en était jonchée, les ultimes vestiges de l’hiver. Dix-huit mois plus tôt, la veille du jour où tous les hommes de notre ville avaient été enrôlés pour défendre notre royaume, ma famille s’était réunie sur le monticule herbeux qui s’élevait juste derrière chez nous. Nous avions regardé les teintes rosées du coucher de soleil s’estomper peu à peu derrière Foirebourg, tous ensemble, une dernière fois. Après quoi Halden et moi-même nous étions éclipsés pour venir dans cette même clairière, et faire comme s’il n’allait pas partir en compagnie de mon frère Reytre. Comme s’ils allaient revenir un jour. En ville, les cloches de la place se sont mises à carillonner, un bruit lointain, mais suffisamment net pour m’arracher à ce souvenir mélancolique. Je me suis lentement redressée, mes cheveux emmêlés à présent parsemés de feuilles et de brindilles. J’allais être en retard. Encore une fois. Foutues Pierres. Ou plutôt, merde ! Je me suis relevée en grimaçant. Je m’efforçais de moins blasphémer sur les neuf Gemmes sacrées qui représentaient l’essence même du continent. Ça ne me dérangeait guère de jurer sur la divinité créatrice de Valecombe, mais je détestais cette habitude liée au fait que j’avais grandi en Ambre, le royaume qui vénérait les Pierres le plus pieusement. J’ai retraversé la clairière au pas de course, pour ensuite emprunter le chemin qui passait derrière la maison et prendre la direction d’une ville qui commençait seulement à se réveiller. Alors que je parcourais en hâte des ruelles à peine assez larges pour permettre à deux personnes de se croiser, une pensée déprimante s’est insinuée dans mon esprit. Foirebourg avait vraiment plus de charme, autrefois. Du moins dans mes souvenirs. Les rues pavées, jadis bien tenues, parsemées de musiciens et de marchands désœuvrés, étaient désormais jonchées d’ordures et laissées à l’abandon. Des bâtiments en briques dépareillées, couverts de plantes grimpantes et que venaient réchauffer des lanternes vacillantes, avaient été réduits à l’état de ruines, désertés, brûlés ou détruits, sinon les trois. C’était comme regarder un trognon de pomme pourrir, s’étioler peu à peu jusqu’à ce qu’un jour il ait tout simplement disparu. J’ai frissonné, et pas seulement à cause du temps qu’il faisait. Par chance, l’air frais avait quelque peu séché mon front humide, Nora n’appréciait guère les apprenties en sueur. Alors que je poussais la porte grinçante, un mélange d’éthanol et de menthe astringente a pris d’assaut mes narines. Mon odeur préférée. »
À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !
Intrigant belle lecture à toi !
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Merci beaucoup !
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Je l’ai feuilleté et il me tente pas mal 🙂
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Alors je te souhaite de pouvoir le lire 😉
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Merci 🙂
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Ca m’a l’air pas mal du tout ! Et puis cette couverture !!!
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Oui, elle est vraiment sublime !
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J’adore la couverture et ce petit passage donne envie. POurquoi pas. Merci de la découverte
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Avec grand plaisir !
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