Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…
Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Que chantent les Pins », écrit par Éloïse Berrodier et édité chez L’Alsacienne Indépendante !

« Les rayons tardifs du soleil illuminaient les brins d’herbe humides de la clairière tandis que la brume se levait sur le village. L’hiver doux apportait un silence d’autant plus prégnant sur les habitations que tout le monde semblait encore engourdi par la nuit. Un foyer ne répondait pourtant pas à cette règle, animé depuis tôt, l’enfant agité, frère et sœur épuisés, les parents désespérés. La campagne devait le tranquilliser, ils avaient déménagé pour cette raison au moment où le diagnostic avait été posé. L’air pur lui ferait du bien, l’extérieur lui offrirait un peu de liberté. Il pourrait s’exprimer à sa guise sans être enfermé dans un appartement exigu. Ses parents espéraient qu’un environnement différent serait bénéfique à leur fils, tout comme à leur couple, au sein duquel les tensions et altercations se multipliaient. Ainsi, ils avaient pris un nouveau départ, concevant de beaux projets pour faciliter la vie de toute la famille…Cependant, le petit ne dormait pas mieux ici qu’ailleurs et les crises n’avaient pas diminué. Une lutte perpétuelle s’avérait nécessaire pour l’encourager à s’ouvrir davantage. La campagne n’aidait pas. L’autisme ne disparaissait pas d’un claquement de doigts. Ils avaient choisi un lieu calme et peu habité. Un voile un peu mystique l’enveloppait. Les bois qui bordaient le sud du village de Talia abritaient la douceur de contes loufoques et la réalité de créatures que l’on osait à peine imaginer. Seul l’enfant percevait la magie de l’invisible. Au crépuscule, au moment où sa mère lui lisait des albums pour l’endormir, lui voyait de petites lumières mordorées de l’autre côté de la fenêtre. Quand il gémissait pour les lui signaler, elle l’incitait à se replonger dans l’histoire avec tendresse. Et lui attendait que les créatures de la nuit viennent le saluer lorsqu’elle serait partie. Il souhaitait les accompagner, elles l’appelaient et étaient si jolies ! Toutefois, il avait le droit d’aller dehors seulement le jour, et ses amis aux allures étranges craignaient les rayons rougeoyants du soleil. Ce soir-là, alors que sa mère venait de quitter la chambre, il perçut la lueur d’un feu follet à travers les carreaux. Il se redressa sur son lit pour faire face aux yeux phosphorescents d’un lutin. Ce dernier lui confia que ses compagnons et lui se cachaient dans la forêt tout le jour durant, où les statues brillaient et les pieuvres dansaient. L’enfant conserva le silence, tout en assimilant que la créature l’invitait à les rejoindre. Le feu follet s’éloigna, le lutin s’évanouit dans la nuit, et le garçon s’endormit d’un sommeil impénétrable. Au matin, les parents s’éveillèrent, abasourdis par la quiétude qui régnait entre les murs. Le pouvoir de la campagne avait-il enfin accompli les miracles promis ? Ils se levèrent et se dirigèrent vers la chambre de leur fils, profondément enfoui dans les bras de Morphée. Pour rien au monde ils ne voulaient le déranger, alors ils s’éclipsèrent, et l’enfant flirta avec ses rêves de longues heures encore. Pendant plusieurs jours suivant la visite du lutin aux yeux étincelants, l’enfant vit ses amis au coucher, après le départ de sa mère. Ils discutaient ensemble dans une langue qui n’était compréhensible que par eux. Un soir, sa sœur aînée passa devant sa chambre et entendit des murmures indistincts. Elle ouvrit discrètement la porte pour découvrir le petit, perdu dans une conversation très sérieuse avec la fenêtre. Elle l’observa quelques minutes, en prenant garde à rester muette, puis referma la porte et retourna dans son lit, le cœur serré. L’autisme provoquait-il des hallucinations ? Avait-il une autre pathologie ? Elle finit par se rassurer en songeant que tous les enfants avaient des amis imaginaires. Il n’y avait rien d’inquiétant à cela. Finalement, elle s’endormit. »
À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !
Un roman que j’ajoute à ma wish list autant pour la couverture que les premières lignes 🙂
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Ah, ça me fait super plaisir 😍
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De belles et douces descriptions, des allusions à l’autisme, je suis curieuse. La couverture est superbe en plus.
Je lirai ton avis avec curiosité.
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Oui, c’est vraiment un ensemble qui me fait très envie !
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