Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…
Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « The Foxglove King », tome 1 de la série « The Nightshade Kingdom », écrit par Hannah Whitten et édité chez Bragelonne !

« Il leva la main pour la poser sur l’épaule nue de la jeune femme. Et tous les nerfs de Lore se crispèrent d’un coup. Ce fut si abrupt et inattendu qu’elle tressaillit et repoussa la main de Pierre d’une façon qui ne cadrait pas avec son personnage de femme douce et vulnérable. Elle s’était habituée à éprouver cette sensation avec les choses mortes, la pierre, le métal, le tissu. Les cadavres, quand elle ne pouvait pas les éviter. Il était normal de percevoir la Mortem dans quelque chose de mort, même si c’était désagréable, et elle était désormais capable de dissimuler sa réaction, de la contenir. Elle avait suffisamment d’entraînement pour cela. Cependant, elle n’aurait pas dû sentir la Mortem chez un homme qui n’était pas aux portes de la mort. La secousse qui la traversa s’accompagnait toutefois d’autre chose, une odeur de digitale. Si puissante que Pierre devait avoir reçu une dose quelques minutes seulement avant son arrivée. Et il se permettait de dénigrer les trafiquants de poison. L’hypocrite. Les doigts de Lore se refermèrent autour du poignet du jeune homme et tordirent, l’obligeant à tomber à genoux. Elle fut si rapide qu’il glissa sur un caillou et qu’une de ses jambes se plia selon un angle étrange, tandis qu’un « Merde ! » retentissait en échos dans le quartier du port. Lore s’accroupit pour se mettre à son niveau. Maintenant qu’elle savait quoi chercher, c’était évident dans ses yeux injectés de sang et vitreux, dans le pouls lent et irrégulier qu’elle sentait sous la paume de sa main. Il était allé voir l’un des vendeurs de mort bon marché, ceux qui ne savaient pas administrer la bonne dose à leurs clients. Les veines aux commissures des yeux de Pierre étaient à peine teintées de gris, il n’avait donc pas reçu suffisamment de poison pour obtenir un quelconque prolongement de sa vie, et certainement pas assez pour espérer toucher au pouvoir qui attendait au seuil de la mort. Ce n’était sans doute pas ce qu’il recherchait, de toute manière. La plupart des gens de son âge voulaient seulement se défoncer. Les filaments sombres de Mortem sous la peau de Pierre se tortillèrent sous la poigne de Lore, réveillés par le poison dans son organisme. La Mortem était dormante chez tout le monde l’essence de la mort, le pouvoir né de l’entropie, qui attendait d’inonder votre corps le jour où celui-ci déclinerait et la seule façon de l’utiliser, de la plier à sa volonté, était de frôler la mort. Si vous ne cherchiez pas le pouvoir ou l’euphorie apportés par le poison, alors vous cherchiez les années supplémentaires. Correctement dosé, le poison était capable de placer votre corps en équilibre sur le fil du rasoir entre la vie et la mort, et cette concession temporaire à la Mortem pouvait, paradoxalement, prolonger votre existence. La vie que vous obteniez en échange n’était cependant pas d’une qualité exceptionnelle, ceux qui s’y essayaient étaient partiellement changés en pierre, et le sang s’écoulait douloureusement à travers leurs veines encombrées de cailloux. Quel que soit l’effet recherché par Pierre en rendant visite à un vendeur de mort ce matin-là, il n’avait pas payé assez pour l’obtenir. S’il avait reçu une dose suffisante de poison pour être défoncé, il serait avachi dans une allée quelconque à l’heure actuelle au lieu de lui réclamer le loyer. Un loyer qui était plus élevé que dans les souvenirs de Lore, maintenant qu’elle y pensait. »
J’espère vous avoir donné envie d’y jeter un œil et je vous dis à la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes…
Il est dans ma pal VO mais je tenterai bien cette version française 🙂 Merci pour ces premières lignes.
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Avec grand plaisir 😉
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