Premières lignes (48)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « La Ballade Funèbre de Hart et Mercy », écrit par Megan Bannen et édité chez Milady !

La Ballade Funèbre de Hart et Mercy

« Déposer un corps aux pompes funèbres Birdsall & Fils était toujours un pari mais, ce matin-là, la Fiancée du Destin semblait sourire à Hart Ralston. Par habitude, il baissa la tête en franchissant le seuil pour ne pas se cogner le front dans l’encadrement de la porte. Des tableaux aux couleurs vives et au cadre doré représentant les dieux de la mort, la Mer de Sel, le Gardien, Grand-Père d’Os, ornaient les murs. Deux fauteuils en velours vert se trouvaient devant une table basse en noyer et leurs lignes fantaisistes conféraient un charme gai à la pièce. De vieux pots de café en fer désormais emplis de crayons et de bonbons trônaient sur un comptoir parfaitement poli. On était loin de l’entrée sombre et sinistre des Services funéraires Cunningham. Ici, on avait affaire à des professionnels chaleureux qui accueillaient la mort d’autrui à bras ouverts. L’endroit était agréablement désert, exception faite du chien affalé dans un des fauteuils. L’animal se grattait le flanc avec tant d’ardeur qu’il n’avait pas entendu entrer son ranger préféré. Sous le regard ravi de Hart, le bâtard projeta d’un mouvement de sa patte arrière un cyclone de poils qui, après avoir flotté dans un faisceau de lumière, retomba rapidement sur le velours. Lorsqu’il entendit la voix du ranger, le chien releva la tête et agita sa queue minuscule. Il sauta du meuble et se précipita vers l’homme, qui le caressa avec un enthousiasme comparable au sien. Leonard était une bête disgracieuse. Mi-boxer, mi-les-dieux-seuls-savaient-quoi, le poil moucheté, les yeux globuleux et striés de veines, les babines pendantes et humides, il était objectivement laid, et personne d’autre que sa maîtresse n’aurait dû le trouver mignon. Et pourtant c’était un peu à cause de lui si Hart continuait à travailler avec les pompes funèbres qu’il appréciait le moins parmi celles des villes frontalières accrochées à la base ouest des rangers de Tanria comme des petits mendiants. Après une longue séance de caresses et de jeu avec une balle retrouvée sous le fauteuil, Hart jeta un coup d’œil à sa montre de gousset et constata que l’après-midi était bien avancé. Il lui restait un travail à terminer cependant. Il ôta son chapeau et se passa les doigts dans les cheveux, qu’il avait blonds et trop longs. En vérité, il se moquait pas mal de son apparence, surtout quand il passait chez Birdsall & Fils. S’il avait été du genre à prier, il aurait supplié la Mère des Chagrins de lui accorder sa merci, jeu de mots mis à part…Toutefois, il n’était homme qu’à moitié et encore moins du genre qui prie, aussi préférait-il laisser la religion au chien. »

J’espère vous avoir donné envie d’y jeter un œil et je vous dis à la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes…

4 réflexions au sujet de « Premières lignes (48) »

Répondre à Ma Lecturothèque Annuler la réponse.