Premières lignes (35)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Unhappy New Year », écrit par Magali Inguimbert, Delinda Dane, Dahlia Blake, Lylyblabla, Morgane Moncomble et édité chez Hugo !

Unhappy New Year

« On a toujours aimé l’odeur du feu. Toutes les cinq. Il y a des souvenirs, dans notre enfance, qu’on a tendance à oublier. Puis il y en a d’autres, parfois anodins, qui restent toujours. L’image du feu qui crépite en fait partie. Qu’il soit de cheminée ou de camp, il a systématiquement été synonyme de joie. Chacune d’entre nous a grandi avec l’image de notre père ajoutant des bûches dans l’âtre pendant les hivers rudes de Wilmington, ou de notre mère qui nous préparait des s’mores durant nos vacances d’été. C’était le bon vieux temps. On pouvait rester des heures à contempler les flammes danser dans le foyer ou leur ombre serpenter sur les murs du salon. Combien de fois avons-nous écouté le crépitement mélodieux du bois ou senti l’odeur du sucre et du chocolat ? Des dizaines, si ce n’est des centaines… et pourtant, chacune d’entre elles était mémorable. Parce qu’on était ensemble. Finalement, qu’est-ce que ça change ? Tous les bons souvenirs de la Terre n’ont pas empêché notre maison de brûler aujourd’hui, et ce sont bien eux qui s’envolent les premiers avec les flammes qui nous aveuglent. Des bourrasques de vents violents les malmènent tandis qu’elles s’élèvent sur la façade qui nous a autrefois servi de rempart contre le reste du monde. La vue est spectaculaire, comme sortie d’un film postapocalyptique. C’est beau et dramatique à la fois. La cendre s’éparpille dans le ciel, pour retomber comme une pluie de poussière dans le décor sombre. Aucune de nous ne parle. Cinq sœurs, cinq cœurs serrés qui regardent croître un brasier. Impuissantes, nous ne pouvons détacher les yeux des mèches orangées qui nous narguent en s’emparant de l’endroit qui nous a vues grandir. Difficile de savoir combien de temps nous restons là, hypnotisées par le désastre, entourées de nos proches et de nos invités à l’expression abasourdie. Insensibles aux cris des voisins qui ont quitté la chaleur de leur foyer, alertés par le vacarme. Jusqu’à ce que les quatre zéros apparaissent sur tous les téléphones portables, preuve que le temps ne s’arrête jamais, même face au malheur des gens. Il est minuit. Un feu d’artifice éclate au loin, et au même moment, quelque chose explose dans la maison. »

J’espère vous avoir donné envie d’y jeter un œil et je vous dis à la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes…

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