Premières lignes (131)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « A Curious Kind of Magic », écrit par Mara Rutherford et édité chez La Martinière !

« Il faut toujours écouter les mises en garde d’un wolpertinger. Ces mots tournèrent en boucle dans ma tête, les semaines suivant le passage de la fille hirsute à l’étrange accent qui avait mis ma boutique sens dessus dessous. C’est le genre de conseil qu’un père devrait donner à sa fille, surtout si elle tient un magasin de curiosités magiques. Mais ce jour fatidique de septembre, l’idée que je possédais un artefact magique authentique m’avait fait ignorer les paroles du wolpertinger. Et j’allais en payer le prix fort ! La poussière s’accumulait sur cette créature à tête de lapin pourvue d’une ramure de cerf, dont les ailes jaillissaient de son corps d’écureuil. Elle trônait près de la porte d’entrée du Cabinet des curiosités magiques d’Edward Stokes depuis des années sans jamais se manifester. Même pas un petit clin d’œil. J’en savais assez sur les affaires malhonnêtes de mon père pour me douter que ce spécimen n’était pas un vrai. C’était juste un assemblage miteux d’animaux empaillés. Une curiosité, certes, mais sûrement pas magique. Rien dans sa boutique ne l’était. Alors quand il s’était mis à parler d’une étrange voix grave, je n’en avais pas cru mes oreilles. En réalité, j’avais à peine remarqué la fille en question. Oubliant tout le reste, j’avais bondi de derrière le comptoir, renversant dans ma précipitation un œuf d’autruche soi-disant enchanté et un plateau de faux talismans. Je soulevai à deux mains la chimère de la taille d’un lapin et l’inspectai sous toutes les coutures, avec bien plus d’attention que je ne lui en avais témoigné jusque-là. Je m’en étais toujours servie comme porte-chapeau, comme elle ne me semblait pas avoir d’autre utilité. Quelqu’un se moquait peut-être de moi. Ce ne serait pas la première fois que Trystan Shilling et sa bande de voyous s’amuseraient à mes dépens. Mais le wolpertinger restait aussi inerte que tous les autres articles dans le magasin, et la fille se raclait la gorge pour attirer mon attention. Un sourire figé sur les lèvres, je me retournai vers elle. Après tout, j’étais là pour m’occuper des clients et elle était la première de la journée. Et très probablement la dernière. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !

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