Premières lignes (127)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « The Courting of Bristol Keats », écrit par Mary E. Pearson et édité chez La Martinière Jeunesse !

« L’aube s’était levée avec quinze minutes d’avance sur Oak Leaf Lane. Parce que ce n’est pas le genre de détail qu’on remarque, rares furent ceux qui s’aperçurent que la nature était en effervescence, l’air chargé d’électricité, à l’instar d’une buse affamée qui guette sa proie. L’herbe folle remuait, des perles de rosée dansaient sur le sol. Des murmures ricochaient sur les buttes alentour et faisaient s’envoler les oies dans le ciel. Quelque chose se prépare. Bristol Keats, elle, dormait paisiblement, sans se soucier des longs doigts de lumière qui filtraient de si bonne heure à travers ses rideaux. Pour la tirer du lit, il ne lui fallait rien de moins qu’une bonne nuit de sommeil. En cet instant, un filet de bave mouillait son oreiller, et son bras pendait sur le côté. Elle avait travaillé tard. Ses pourboires s’accumulaient sur sa table de chevet en un petit tas satisfaisant, monument désordonné célébrant sa détermination. Au milieu de la matinée, elle ouvrit enfin un œil, s’étira en grognant et se leva pour enfiler son jean. Les vendredis soir rapportaient gros, mais ce n’était rien comparé aux journées de festival. Et ça arrangeait bien ses affaires. Au-dessus de la pile des relances d’impayés trônait la facture d’électricité. Elle aurait dû être réglée depuis quarante jours. Et la menace d’une coupure de courant lui pendait au nez. Avec ses pourboires de la veille ajoutés à ceux de la semaine passée, elle pourrait au moins honorer cette dette, et il lui resterait même un peu d’argent pour les courses. Encore ensommeillée, Bristol renifla ses cheveux pour vérifier qu’ils ne sentaient pas la friture. Comme tous les jours, elle les coiffa négligemment en une queue-de-cheval brouillonne sans se douter que cette journée n’aurait rien d’ordinaire. Alors qu’elle se débarbouillait et se brossait les dents, elle ressentit dans l’air une étrange chaleur veloutée qui lui fit tourner la tête sur le côté. Imperceptiblement, sans qu’elle s’en rende compte, tout son corps répondait à cette sensation fugace, tel un chat qui fait le dos rond contre une porte. Une porte, oui. Qui l’attirait. Mais ça, elle ne le savait pas encore. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !

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