Premières lignes (110)

Dans ce rendez-vous hebdomadaire, organisé par Ma Lecturothèque, je vous ferai part des premières lignes de romans qui me font considérablement envie…


Pour cette semaine, j’ai décidé de vous présenter les premières lignes du roman « Les Vestiges du Temps », écrit par Rachel Moore et édité chez De Saxus !

« Van se pencha au-dessus de l’autel. Trois tessons de porcelaine noire avaient été disposés, leurs bords irréguliers soigneusement alignés. Ils s’emboîtaient comme les pièces d’un puzzle. Encore deux, et le Vase de la Vénus Aurélia retrouverait son intégrité. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, Atlas s’élança vers l’escalier. Puis, il attendit, immobile, jusqu’à ce que la porte du temple se referme avec un claquement. Ses paumes luisaient de sueur. Pouvait-il vraiment faire cela ? Il se reprit, et sortit le quatrième tesson de sa poche. Puis un cinquième. L’or dansait à la surface des morceaux du Vase. De délicats coups de pinceau représentant des fleurs de myrte et des vagues arrondies reliaient toute une suite de caractères latins qu’on ne pouvait lire qu’une fois les cinq tessons réunis. Enfin, si Van avait été capable de lire de latin. Les morceaux posés bien à plat sur l’autel, il ajusta les bords. Aureus, amor aeternus et cor…Une fois le dernier fragment bien en place, le Vase brûla le bout des doigts de Van. C’était chaud. Il tituba en arrière, alors que la poterie lévitait, nimbée d’une lumière englobant chaque tesson. De l’or s’écoula des fissures, fusionnant les éclats. Puis, le phénomène cessa. La lumière s’estompa. Van lutta contre cette soudaine obscurité, comme chaque fois qu’Atlas déclenchait malencontreusement son flash. C’était tout. Avant qu’il puisse s’approcher du Vase reconstitué, ce dernier se brisa. Les cinq débris s’entrechoquèrent sur l’autel de marbre, sans pour autant se casser. Van tendit la main et un cri mourut dans sa gorge. Là où ses doigts auraient dû effleurer la porcelaine, il n’y avait plus rien. Les tessons avaient disparu. C’était absurde. Ils ne pouvaient pas avoir disparu. Le Vase de la Vénus Aurélia était un mythe, il n’y avait rien de magique là-dedans. C’était la clé d’un trésor caché. Une montagne d’or, la gloire éternelle, le moyen de devenir enfin quelqu’un. Ils avaient dû tomber sous l’autel. C’était forcément ça. Il y avait toujours une explication logique. Van voulut faire un pas, mais son pied était lourd. Figé. Le jeune homme se redressa, s’étira. Rien. Il ne pouvait plus bouger. Il jeta un coup d’œil à sa botte, le cuir pâlissait, se décolorait, le brun chaud laissant la place au blanc froid. Comme du lierre, la pierre lui remonta le long des jambes. Très vite, le marbre gagna ses doigts, ses avant-bras, ses épaules et toute sa poitrine. Van tenta de se débattre, il poussa un cri que personne n’entendit, puis son cœur se changea en pierre. »

À la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles premières lignes !

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